Annonce paroissiale de fin de messe: vente de vin Kto! Chouette idée. Des prêtres du diocèse de Shaanxi (près de Xi'an, centre de la Chine) cherchent à gagner de l'argent pour réparer leurs églises. Louable intention.
Allons donc, tentons ce petit vin, sans édulcorant ni conservateur, une bouteille pour goûter!
Sans m'écouter, maman en achète quatre. Résultat, piquette inbuvable, on aurait mieux fait d'envoyer un chèque! Que faire des trois bouteilles et demi qui restent? Du vinaigre?
Il faut toujours se méfier du vin chinois. Traditionnellement, les chinois boivent du vin jaune, à base de céréales (vin de riz essentiellement), ils boivent aussi du "baijiu", (litt. blanc/vin) une sorte d'eau-de-vie infernale. Depuis 50 ans, sous l'influence française, ils se sont mis à cultiver des vignes et fabriquer du vin rouge et blanc (putaojiu: raisin/ alcool). Selon les ceps, les crus et les méthodes employées, il est parfois buvable, en petit vin de table seulement.
Comment faire donc lorsqu'on reçoit une cargaison de fromages de France? Une seule solution, non pas la manifestation, mais le compromis! On prend son courage à deux mains et on file chez Carrouf, en chinois "jialefu": la maison du bonheur. Là on affronte la cohue, la désillusion de ne pas toujours trouver son chocolat à gâteaux, l'incompétence des gens en particulier des caissières -qui à leur décharge n'ont pas même un tabouret pour s'asseoir et sont debout tout le temps (bravo à la grande entreprise française, quelle image! Les supermarchés chinois sont pareils mais ce n'est pas une raison pour s'en inspirer). Après avoir erré dans les galleries commerçantes, puis dans les rayons, on finit par apercevoir le rayon des spiritueux (qu'on n'oubliera plus).
Là, le porte-feuille prend très cher. La république populaire met 40% de taxes d'importation dans sa poche auxquels il faut ajouter les frais acheminement et la marge du revendeur et, par magie, la bouteille ordinaire passe de 3,5 euros au Franprix de l'avenue Mozart à 10 euros chez Jialefu à Shanghai. A côté, la vodka Eristoff est au même prix. Si c'est pour se mettre une mine, on choisira la vodka, plus rapide.
Si on se décide à prendre quand même le fruit de la vigne, armons-nous de courage. A 10m du rayon on est repéré et catalogué. Mon physique me réserve les vendeuses chinoises qui s'empressent d'essayer de me vendre une piquette argentine. A peine les ai-je débouté qu'on me dit en anglais que tel vin est excellent. Je réponds en français -car tous les stagiaires européens et exploités des rayons vins sont français- que merci, je sais ce que je vais prendre.
A vrai dire, j'en sais rien, mais c'est tellement horripilant de se faire trimballer de vendeurs en rayons et de rayons en vendeurs quand on cherche quelque chose et que personne ne sait où c'est (j'offre un pot à celui qui trouve les limes à ongle en moins de 10mn -mon dernier record) qu'on n'a pas envie d'aide quand pour une fois on n'en a vraiment pas besoin. Au Franprix de l'avenue Mozart on trouve tout seul, pourquoi pas ici!
De toute façon, à chaque fois c'est pareil. On finit par prendre un petit cabernet sauvignon à 9,5 euros, une bouteille en promo de Merlot à 7 ou 8 euros qu'on sait d'avance pas terrible et parfois une bouteille de vin Chilien, Argentin ou Californien, sensiblement au même prix mais avec l'avantage qu'ils voyagent mieux.
On attrape au passage une bouteille de Martini ou de Gin, on jete un oeil au rayon bière, par acquis de conscience. Toujours ni Pelforth brune (que j'aime bien depuis la fréquentation d'un ami qui en buvait souvent), ni bien sûr de Kro! Et on file à la caisse.
La c'est toujours la même scène. Veuillez entrez votre code de carte à 6 chiffres. 没有是法国的 j'en ai pas, c'est une carte française. Quatre chiffres ou une signature c'est tou ce que je peux faire. Je ne peux tout de même pas inventer un code à 6 chiffres comme ça. Et vite ça fait un quart d'heure que j'attends. Pas convaincue, ou pas au courant -et pourtant y en a des français chez Carrouf-, la caissière doit appeler le chef des caissières. Encore un peu d'attente et je peux enfin mettre un autographe en bas du ticket de caisse. Ouf! Tout tient dans le panier du vélo. Retour au bercail!
Vu l'échec du vin Kto sus-mentionné, l'épisode va se réitérer, il faut refournir la cave! Courage, fuyons chez Jialefu!