Samedi 12
Et c?est reparti de bon matin? assez tôt d?ailleurs par rapport à d?habitude. L?instant fatidique d?enlevage de pull s?est soldé par une belle chute (à l?arrêt) de doudou. En ôtant le Camelbak (la gourde milouf trop bien de Nath, qui se fixe comme un sac à dos) pour ranger son pull, elle fit peur à son cheval.
Et Boum ! Egratignures et gros bleu sur la hanche droite. Bravo ! Tout ça pour avoir quelques gouttes de Ricqlès.
Plus loin, Riko s?est essayé à la même démarche : enlever son pull. Et bien, même punition ! Boum ! Par terre. Cinq cent mètres plus avant, le peloton de tête comprend l?affaire en voyant débouler un cheval sans cavalier. Ah ! Tiens ! C?est moi qui porte la pharma = billet de retour ventre à terre près de Riko qui pissait le sang? du nez. Tout va bien. Grosses égratignures mais c?est tout.
La pause déjeuner fut au milieu de nulle part, sans point d?eau et sans ombre. Mais à la dure, comme à la dure? Une bâche tendue sur le camion nous permet de faire la sieste.
La chevauchée reprend. « C?est encore loin ? », « Là-bas, derrière la montagne à huit kilometER », répétait Anraa à chaque question du même style.
Plus tard on commence l?ascension d?une montagne. Après le cours théorique du matin, dispensé par Nath, sur les grades de l?armée, Sol profite d?être près de doudou pour en recevoir un sur le golf.
Vers cinq heure, la forêt devient brusquement grouillante de monde, nous arrivons devant une vieille lamaserie (temple bouddhiste). Après avoir attaché les chevaux, on entame la dernière montée à pied. D?en haut, la vue est superbe, plongeante sur la vallée. D ?un côté se tient la province de l?Arkhanghai, de l?autre celle de l?Ourkhanghai.
On observa avec étonnement, l?empreinte de pied du grand moine XXX du XIIIe siècle, puis son trône et sa microscopique cellule (où un petit autel déborde désormais des offrandes sonnantes et trébuchantes des pèlerins).
La redescente à cheval dans la vallée sembla très longue. Il commença à faire froid et venteux. Le lieu de bivouac fut l?un des pires. Un grand vent nous fit nous réfugier dans la grande tente igloo des filles. Tandis qu?un sursaut de courage fit partir Riko, Anraa et moi dans le hameau de yourte voisin, où une yourte ?disco vendait de la vodka (et du coca pour les estomacs sensibles).
Dimanche 13
A mille lieues d?un office dominical, le Magnificat nous aida tout de même à rester en union de prière. Mais certaines n?étaient pas bien réveillées pour autant. Après 20 minutes de pas nonchalant, un léger piqué au trot fit tomber Céline et Sol, endormies sur leur canasson. Chute minable qui ne devrait même pas être citée. Je suis la seule à ne pas m?être fait (encore) vidée.
Après une matinée difficile où tous étions dans le coltard, Anraa nous annonce de nous ferons les 2kmERs restant au grand galop. Croisant le camion d?intendance, Béné et Sol en profitent pour y monter. Et nous, c?est parti pour le grand galop.
La steppe, immensément vide, au grand galop, rien que pour nous. Et la steppe encore. Et encore. Et trois quart d?heure plus tard de galop, enfin, l?arrivée dans la yourte de Squé, notre chauffeur chez qui on déjeunait. Voilà comment 2 km se transforment en 15 km. Les Mongols ont vraiment le sens des distances !!
Déjeuner sympa chez Squé. Sa femme est, d?avis unanime, la plus belle femme mongole que nous ayons rencontré.
L?après-midi, ayant changé de selle avec Nath, qui avait hérité de la selle mongole ce matin-là et en souffrait, je me suis retrouvée sur « le 2e cheval de Nadam », soit 200m avant tout le monde. J?ai donc loupé la rencontre avec Jules C, un Français en école de photo, tout seul au milieu de la steppe.
Le torrent-salle-de-bain du soir, bien frisquet, avait également un fort courant. Céline entraînée le laissa même emporter son shampoing. Pendant que les filles se lavaient, les garçons ont fait de l?humanitaire dans la yourte voisine où un bébé avait une colique.
Plus tard, alors que nous étions réfugiés sous la tente pour cause de grêle, Furet et Béné ont été ramené chez Squé pour une séance bouddhiste. Pendant ce temps nous jouions aux cartes en dégustant LE bloc de foie gras (offert par maman, seul rescapé après une rencontre avec JC ?mon tendre frère- à Pékin), accompagné d?un petit blanc pas cher. Grands princes une part fut gardée pour les deux absents.
Lundi 14
Pluie, grosses averses, jeu de cartes. Déj dans la yourte d’à côté. Départ à cheval l’après midi. Le soir bivouac près d’un campement de strasseux allemands. Veillée avec eux.
Une matinée des plus actives !! Les Mongols vivant au rythme de la nature, il suffit d’une pluie pour que plus rien ne se fasse. Nous avons donc passé la matinée à jouer aux cartes sous la tente en attendant que ça se calme. La yourte voisine (du gosse malade) nous accueilli pour le déjeuner. Puis nous partîmes. Les dernières gouttes de pluie donnèrent l’occasion à Céline d’arborer fièrement son superbe manteau de cow-boy australien (kakadou).
L’arrivée au bivouac –rapproché pour cause de douleur musculaire option gros bleu et frottement localisé environ entre le bas du dos et le haut de la cuisse d’une certaine demoiselle (plutôt blonde/rousse) nous fit camper près de vieux chefs scouts allemands (gros Schtrasseux). Une sympathique veillée scoute de chant franco-deutch-mongols égaya la soirée.
Mardi 15
Toujours aussi loin d’une yourte-église, nous priâmes la vierge avant de se mettre en selle (grâce au magnificat déporté).
En fin de matinée, au loin, nous aperçûmes un monument affreux signalant l’entrée de Karakorum (Harorin pour les locaux), ancienne capitale de Gengis du Khan avant qu’il ne s’installe à Pékin.
L’entrée dans la ville –plutôt village- fut un peu déprimante et digne d’une ville fantôme des pires westerns de Sergio Leone. Rues de terre battue, palissades en bois mal alignées et branlantes, sans parler des maisons –quand ce n’est pas qu’une yourte- glauquissimes et jamais achevées.
Comme des cow-boys nous attachâmes nos chevaux à un poteau électrique et partîmes déjeuner dans un boui-boui, bien loin des grands saloons de Lucky Luke.
L’après-midi fut consacrée à la visite de ce qu’il restait d’un grand temple/palais.
En fin de journée nous montâmes le campement en périphérie de la ville, près d’un petit cours d’eau. Affublés des grands manteaux mongols, nous fîmes une séance photo dans une ambiance festive.
Un poil plus tard, les Hu enfourchèrent à cru (et sans filet) le pire cheval de la bande : « Nadam ». Squé, notre chauffeur, dans un éclair digne d’Einstein, eu la brillante idée de détacher la monture, qui broutait paisiblement, et la fouetter d’un coup de licol sur la cuisse. Le résultat de l’action nous fit tomber sans brio. Doudou un peu sonnée et égratignée et moi par terre pour une bonne demi-heure. Un médecin à Pékin diagnostiqua une semaine plus tard une fêlure de la 9e côte et une forte contusion à la hanche.
La douleur extrême m’empêcha même de suivre la bande partie picoler (avec excès pour certains…) dans une disco-yourte. La gentille (et bonne) Solène, daignant rester me servir de garde-malade.
Mercredi 16
Sur les collines dominant Karakorum, nous visitâmes le reste du patrimoine local : deux cailloux, l’un en forme de sexe masculin, l’autre en forme de tortue. Matinée décevante pour les cavaliers et les camionneurs (Sol et Elise). Une après-midi, un peu glandeuse, nous permit d’enseigner la bataille corse à nos amis Mongols. Puis nous emménageâmes dans une guest-yourte. Ceux qui tenaient encore en selle firent une dernière promenade.
La dernière soirée avec nos amis Mongols fut pour le moins spéciale. En clair ils ont commencé « à nous les briser menues », complètement bourrés (alcool = fléau n°1 du pays).
Jeudi 17
Départ à 7h du mat pour rentrer en mini-bus à Ulaan Bator, La vieille piste défoncée sur plusieurs centaines de km (en Mongolie : 500km de routes goudronnées pour une surface de trois fois la France) n’arrangea pas ma côte, tandis que Sol souffrant, des mêmes maux que Béné la veille, pâtissait de sa gastro.
L’arrivée fut un soulagement, même s’il s’avéra très compliqué de prendre les billets de train de retour (direction Pékin).
Après-midi et soirée de sieste pour Sol se remettant de sa gastro, pendant qu’on visitait la ville –qui sera sûrement sympa dans 200 ans. Un bon resto gastronomique (chacun sa gastro) méditerranéen nous fit oublier le mouton bouilli.
Vendredi 18
Une journée à tuer en ville, nous donna le temps de faire les magasins et retourner au marché noir. Dernières cartes postales (et fin du roman de doudou), un peu de cachemire et des cornichons pour la nuit en; train. Et c’est reparti en transit. Quinze heures de train de nuit avant de rallier la ville-frontière, et pour une fois en première classe assez confortable.
Samedi 19
Arrivée à 11h du mat dans une ville inondée par l’orage. Il nous fallu 4h pour passer la frontière, dans une jeep pourrie au milieu de centaines d’autres, pare-choc contre pare-choc.
Puis ce fut la course pour rechanger de l’argent et prendre les tickets du bus de nuit (couchette) qui partait aussitôt pour Pékin où nous arrivèrent le lendemain dimanche à 6h du mat.